« Les élections en perspective sont des élections congolaises pour les Congolais dans l’optique d’élire les dirigeants congolais ayant l’amour de la patrie comme exigence de premier ordre. Ce ne sont pas les élections de Didier Reynders, ni de George Soros, encore moins de Herman Cohen ou encore de Nikki Halley, Emmanuel Macron, etc. » Les Congolais qui le savent n’entendent plus subir le diktat des « dépositaires » de la démocratie.
Antonio Gutterez, Moussa Faki ou Nikki Halley sont-ils des observateurs électoraux ? C’est la question que j’ai entendue hier soir dans un salon de la ville, de la part d’un observateur de l’actualité en RDC. L’homme, apparemment hors du besoin, s’étonnait de voir cette tendance à la polémique autour du voyage manqué pour Kinshasa du Secrétaire général de l’Onu et du Président de la Commission de l’Union africaine. Une polémique suscitée par une frange de la classe politique congolaise et attisée par certains titres de la presse kinoise et internationale.
Pourtant la période d’accréditation des observateurs électoraux n’a pas encore commencé et on peut bien se demander pourquoi une visite d’un aussi haut niveau devait intervenir seulement en ce moment où les Congolais sont concentrés aux activités de dépôt des candidatures pour les provinciales. Une activité qui occupe toute la classe politique pratiquement 24 heures sur 24, et qui continuera encore pendant au moins dix jours encore, puisque chacun va rester concentrer dans l’attente de la liste des candidats.
L’on sait que, d’ordinaire, ce genre de visite sont suivies d’une meute de journalistes et autres représentants d’organismes internationaux jusqu’à focaliser l’attention de la planète sur le pays visité. Et lorsque l’on connaît la tendance générale de l’opinion internationale sur la vie politique congolaise et ses acteurs, l’on peut bien imaginer ce que peut entraîner ce genre de visite. Il est bien clair qu’elle ne serait pas pour apaiser les esprits et apporter la sérénité nécessaire à la bonne poursuite du processus électoral.
Un voyage pour des pressions et du chantage
Bien au contraire, ce voyage du SG de l’ONU et du Président de la Commission de l’UA est considéré par certains observateurs avertis comme une autre forme de pression sur Kinshasa pour infléchir le processus électoral et même l’orienter vers les intérêts que l’Occident défend. Si les puissances occidentales et autres lobbies politico-affairistes généralement intéressés à la RDC n’apparaissent pas formellement dans cette forme de manœuvre, l’on ne se fait l’ombre d’aucun doute qu’ils en sont les instigateurs. En effet, comme nous l’indiquions dans un de nos articles sur les nouvelles menaces de guerre contre la RDC (http://congovirtuel.org/wp-admin/post.php?post=855&action=edit), ces dernières semaines ont été marquées par des discours à peine voilées sur des intimidations et une sorte de chantage à l’insurrection si le processus électoral congolais ne prend pas la direction que ces lobbies veulent indiquer avec des allusions claires sur les acteurs qu’ils veulent voir au-devant de la scène et des visages qu’ils ne veulent pas voir.
La dernière déclaration du CLC est symptomatique de ce chantage qui est allé jusqu’à toucher à des questions économiques liées au nouveau code minier dont on connait très bien qui le combattent. Bref, l’on n’a pas besoin d’un dessin pour comprendre que dans le fond, les lobbies politico-affairistes occidentaux et leurs relais congolais de l’intérieur et de l’extérieur ne militent pas tant pour la démocratie en RDC et la bonne qualité des élections à venir. Au contraire, il s’agit pour eux de faire en sorte que sortent des urnes les dirigeants qu’ils veulent voir aux commandes du pays.
Pressions à géométrie variable pour une démocratie à vitesses multiples
Bien de pays autour de la RDC ont tripatouillé aussi bien avec leurs constitutions, leurs lois électorales que les libertés publiques pour voir se maintenir certains leaders sans que l’on eut observé un tel rush comme avec la RDC. Au Rwanda, Paul Kagame a déverrouillé la Constitution pour s’offrir un nombre illimité de représentation aux élections. Il a également éliminé politiquement, judiciairement et même physiquement des adversaires politiques autant qu’il a sérieusement restreint les espaces d’expression sans que la moindre vieille démocratie ou le moindre organisme international ne lève le doigt ou ne produise un rapport. Idem au Burundi où il eut même mort d’hommes et où la présidence vire de plus en plus à la royauté. On en dirait de même pour la Congo Brazzaville où l’actuel Président a fait sauter les deux verrous qui l’excluaient de toute représentation, à savoir le nombre de mandats et la limite d’âge.
En RDC, le processus électoral et la vie politique nationale sont généralement rythmés par la suspicion, les soupçons et les procès d’intention. On en revient plus sur l’article 220 ni sur les accusations de tentative de référendum ou de recensement pour prolonger la survie aux affaires, et tant d’autres soupçons qui ont même marqué le discours politico-diplomatique international sans compter les médias occidentaux.
Aujourd’hui, il est clair que les Congolais ont pris le destin de leur démocratie en main et n’entendent plus se faire subir des injonctions de ceux qui pensent en être les dépositaires. Et c’est à juste titre que Néhémie Mwilanya a prévenu que « nous sommes aujourd’hui dans une logique de guerre ; une guerre contre des monstres invisibles ». Il a également rappelé que « les élections en perspective sont des élections congolaises pour les Congolais dans l’optique d’élire les dirigeants congolais ayant l’amour de la patrie comme exigence de premier ordre. Ce ne sont pas les élections de Didier Reynders, ni de George Soros, encore moins de Herman Cohen ou encore de Nikki Halley, Emmanuel Macron, etc. »
Aux Congolais donc de savoir se prendre en charge. Déjà, c’est à juste titre que le Gouvernement congolais a estimé que le voyage d’Antonio Guterez et Moussa Faki était inopportun dans le contexte actuel.
Pascal Debré Mpoko